Casser la voix, cassées les tuiles
Marcher dans la merde avec son pied gauche, ça porte bonheur, pas souvent, et pour ceux qui y croient.
Marcher dans la merde avec le pied droit, c'est le contraire, il paraît que c'est la guigne qui vient vous coller comme sous la semelle.
Les superstitions. Dieu. Le Ciel, Icäre, et tout le reste.
La foi.
Chanter des cantiques à se casser la voix.
Et moi, je suis assise sur les tuiles, et bien sûr, je me sens lourde à me dire qu'elles vont peut-être casser, casser sous l'angoisse, casser sous le poids.
Soudain, je sens quelque chose, près de mon deuxième gros orteil.
Je regarde ma trousse, d'où ma gomme aurait pu tomber.
Posée sur le rebord de la fenêtre, tout était tranquille. Je lève les yeux au ciel : aucun des oiseaux que j'entends pourtant crier dans les couleurs brillantes du jour qui tombe. Pas une trace de vandale volant ; pas le sang gris qui traînerait dans l'envol du meurtrier.
Et pourtant, je vis : j'avais de la merde sur le pied.
Le tiers d'une fiente bicolore de piäf sur la chaussette.
Si c'est pas une pute de malchance qui me poursuit, ça...comme le monde cherchant à empaler des terroristes avec un turban sur la tête.
Ou juste que je l'emmène toujours avec moi, jusqu'en haut des toits de la ville.